« Est-ce qu’un psychologue peut vraiment m’aider ? »

novembre 9, 2022by Céline Schmitz0

Si vous avez taper cette question dans la barre de recherche de votre moteur favori, c’est que vous êtes en questionnement quant à votre bien-être, votre avenir, voire votre santé mentale. Que ce soit une simple remise en question, une étape de vie qui représente un conflit interne, une volonté de comprendre votre fonctionnement, un sentiment de mal-être quotidien, un état émotionnel qui vous questionne, des états anxieux et/ou des humeurs dépressives, et j’en passe…, cette question est une première ouverture vers une compréhension, une progression ou même un mieux-être.
Cette interrogation en amène souvent d’autres:

« C’est quoi un psychologue au juste ? », « Est-ce qu’il peut prescrire des anxiolytiques ou antidépresseurs ? » , « Et psychothérapeute alors ? ».

Mais aussi des questions plus pragmatiques:

« Est-ce que ça va vraiment me servir à quelque chose ? », « je vais perdre mon argent, non ? », « Puis, pourquoi c’est aussi cher ? ».

Je vais tenter de répondre, selon ma perspective, à ces questions. Peut-être que cela nécessitera d’autres articles de blogue pour ne pas trop m’éparpiller.
Avant de pouvoir répondre à la question « est-ce qu’un psychologue peut vraiment m’aider ? », il est nécessaire d’expliquer ce qu’est un psychologue et ce qu’il n’est pas.

Ce qu’il est…

Un psychologue est un professionnel de la santé qui est membre de l’Ordre des Psychologues du Québec suite à l’obtention d’un doctorat ou d’une équivalence de diplôme auprès de l’Ordre; comme c’est mon cas. Voici d’ailleurs un article où j’en parle. Par son parcours universitaire, ses recherches et ses champs d’intérêts, le psychologue travaille avec une approche psychologique, c’est-à-dire, une manière de travailler, un fil conducteur de sa pratique. Une orientation en somme. Plusieurs approches existent: l’approche psychodynamique, cognito-comportementale, humaniste, systémique, etc. Plusieurs « styles » de pratique peuvent être combinés selon la pertinence que le professionnel y trouve. Ainsi, vous n’aurez pas le même travail avec un psychologue d’orientation cognitivo-comportementale, qu’un psychologue d’orientation psychodynamique ou systémique. J’en parle ici ! C’est d’ailleurs pour cela que certaine personnes ne trouve pas toujours « chaussure à leur pied »… plusieurs essais sont parfois nécessaires !

Un psychologue est un psychothérapeute à partir du moment où il exerce la psychothérapie en plus de ces nombreuses compétences (recherche, expertise, évaluation, parcours neuropsychologie, etc.) Le contraire s’applique lorsqu’un psychologue a consacré son travail et sa carrière à la recherche ou à l’enseignement par exemple: il détient le titre de psychologue mais n’est pas psychothérapeute puisqu’il ne l’a pratique pas. Mais alors « c’est quoi la psychothérapie ? » me direz-vous…
La psychothérapie est « un travail psychologique pour un trouble mental, des perturbations comportementales ou tout autre problèmes entrainant une souffrance ou une détresse psychologique, qui a pour but de favoriser chez le client des changements significatifs dans son fonctionnement cognitif, émotionnel ou comportemental, dans son système interpersonnel, dans sa personnalité ou dans son état de santé. Ce traitement va au-delà d’une aide visant à faire face aux difficultés courantes ou d’un rapport de conseils ou de soutien » (Article 187.1 du Code des professions.). Pour cela, le mode de traitement principal utilisé par les psychologues est la thérapie par la parole. Le professionnel s’appuie alors sur la participation active et consciente du sujet et sur un échange le plus authentique possible. Certains thérapeutes vont également utiliser l’art comme médiation. Il est effet parfois plus facile pour certaine personne de s’exprimer à travers la peinture, le dessin, l’écriture ou même la danse.
Petite précision sur le statut de psychothérapeute… : 
Le titre de psychothérapeute est protégé par l’OPQ depuis 2012. D’autres professionnels de la santé peuvent obtenir le titre de psychothérapeute. Pour cela, il y a 4 critères à prendre en considération pour obtenir ce titre:

  1. être un professionnel, au Québec, affilié à l’Ordre concerné à cette profession : conseilliers.ières d’orientation, sexologue, ergothérapeute, criminologue, travailleur.euse social, psychorééducateur.trice, infirmiiers.ières.
  2. avoir une maitrise dans le domaine de la santé mentale et des relations humaines.
  3. suivre une formation théorique en psychothérapie de 765h (dont les exigences sont divisées en type d’heure bien spécifiques et contrôlées. Je vous épargne les détails, mais si vous souhaitez plus d’infos, c’est ici: https://www.ordrepsy.qc.ca/resume-des-4-exigences )
  4. un stage de 600h en psychothérapie.
    Une fois le titre obtenu, le professionnel est en mesure, au même titre que le psychologue, de dispenser des traitements de psychothérapies dont la médiane sera la parole, mais peut être aussi de l’art-thérapie par exemple. La seule nuance, est qu’il ne peut pas faire d’évaluation psychologique et poser de diagnostic psychologique, à la différence du psychologue.
Ce qu’il n’est pas..

Un psychologue n’est pas médecin et ne peut donc pas prescrire de médication en lien avec le trouble suspecté ou diagnostiqué par votre médecin de famille par exemple. Pour cela, il faudra s’orienter vers un psychiatre. Ce dernier a fait des études de médecine, spécialisée vers la psychiatrie et donc les troubles mentaux. C’est lui qui sera l’expert entre vos symptômes et votre traitement médicamenteux ! Cependant, peu de psychiatres sont aussi psychothérapeutes… de ce fait, il est parfois nécessaire d’avoir les services d’un psychologue en parallèle.
Un psychologue n’a pas le même rôle que votre ami avec qui vous vous confier. La principal différence est son objectivité et sa neutralité dans la ou les problémaitque.s que vous présentez. Un psychologue aura de l’empathie, une écoute active et saura réceptionner vos émotions sans que les siennes et le lien affectif qu’un ami peut avoir viennent interférer l’échange. Puis, bien-sûr, sa formation et ses connaissances dans la santé mentale et les sciences humaines amèneront une dynamique différente: c’est un travail qui se met en place et non pas une simple écoute.

Je reprends notre question initiale: « est-ce qu’un psychologue peut vraiment m’aider ? »

Le premier rôle du psychologue est de vous écouter. Il y a plusieurs raisons qui peuvent vous amener à vouloir consulter:
de l’anxiété, une dépression, des « sautes d’humeur » et émotions en dents de scies, un traumatisme, des difficultés relationnelles, des traits de personnalité qui vous questionnent, des pensées limitantes, un changement dans votre vie qui génère un conflit interne, un deuil, la maladie, la parentalité, la répétition des fonctionnements familiaux, et j’en passe… parfois, ces questionnements, ces symptômes, sont simplement trop présents, trop prenants, pour réussir à en avoir une compréhension et une résolution simple et objective par soi-même. Le psychologue vous permettra donc de mettre des mots sur vos maux, de valider vos émotions et vos souffrances, de les comprendre et de vous apporter des outils et une meilleure compréhension de vous-même. La parole a un effet libérateur. Le psychologue est donc votre outil de compréhension.
Il est tout de même important, selon moi, de prendre en considération que ce travail thérapeutique est un travail qui se fait à deux: vous-même et le psychologue. À lui tout seul, le psychologue ne peut pas résoudre vos problèmes. C’est pourquoi il est important que lorsque vous entreprenez ce travail thérapeutique, vous vous sentez prêt à l’investir et surtout que la demande émane de vous. C’est avec votre investissement et votre introspection, que le psychologue pourra faire équipe avec vous pour vous accompagner et vous soutenir dans ce travail. Le psychologue aura donc à cœur de créer une alliance thérapeutique: c’est-à- dire de créer un équilibre entre un lien affectif et un lien professionnel avec vous. C’est cette alliance et le travail d’introspection qui permettra que le travail thérapeutique se fasse et soit opérant dans votre vie et votre bien-être.
Ce cadre thérapeutique chaleureux et emphatique, cette alliance authentique et constructive, vous permettra un cheminement personnel que vous n’aurez pas forcément entrepris, seul, dans votre quotidien. En effet, c’est ces 50 min par semaine que vous vous offrez avec un psychologue qui fera la différence dans la résolution de vos problématiques. Avouez, qu’en règle général, on ne prend pas toujours un temps de recul sur notre comportement. On ne prend pas le temps de penser en profondeur sur nos problèmes, on peut parfois même être dans l’évitement de nos émotions…Pendant ces 50 min, vous décidez d’aborder ce qui n’est habituellement pas abordable.
Bien-sûr, ce travail thérapeutique peut parfois prendre du temps dépendamment de vos problématiques. Certaines personnes vont consulter une dizaine de fois, parfois moins, et vont sentir une forme de satisfaction dans leur cheminement. D’autres vont consulter pendant un an, deux ans, peut-être plus, avant d’estimer que le travail est suffisamment complet. Mais entre nous, il ne faut pas oublier que l’individu est en perpétuel évolution, il y a donc toujours un questionnement sur soi. Ainsi, le psychologue n’a pas pour volonté de maintenir une dépendance à la thérapie, mais plutôt de vous apporter des outils, de mettre en avant vos ressources personnelles, pour qu’à l’avenir vous puissiez avoir une meilleure appréhension de vos questionnements et symptômes.

On s’entend que prendre soin de votre santé mentale représente un coût qui n’est pas toujours abordable pour tout le monde au privée. Les honoraires de chaque psychologue varient et se situent en général autour de 120 à 180$ pour un suivi individuel, d’après l’OPQ. Chaque professionnel est libre de définir son tarif. En général, ce dernier est fixé selon plusieurs variables: l’expérience, l’expertise s’il y en a une, l’inflation, la localisation, les couts de sa pratique. Prenez en considération qu’un psychologue au privée est très souvent un travailleur autonome et pas un salarié ! La plupart des assurances collectives permettent un remboursement au moins partiel de ces séances.
Sachez que vous êtes le décideur de la durée de ce travail thérapeutique. Il n’y a pas d’obligation à être sur un travail « au long terme ». Il vous suffira d’aborder cela avec votre psychologue. Ce dernier, même s’il juge que pour votre bien vous devriez poursuivre la consultation, ne peut pas vous forcer à maintenir les rencontres. D’ailleurs, un consentement libre et éclairé doit être présenté oralement ou par écrit par votre psychologue lors de la première rencontre. Ce consentement reprend notamment toutes les modalités administratives, mais aussi la notion de secret professionnel et celle de votre liberté de mettre fin au suivi, à n’importe quel moment.
Si toutefois les services d’un psychologue sont trop onéreux, n’hésitez pas à vous orienter vers les doctorants ou internes en psychologie. Ce sont des étudiants proches d’être diplômés qui sont superviser par des psychologues d’expériences. Ils ont des honoraires moins conséquents qu’un psychologue membre de l’OPQ. Beaucoup de cliniques privées supervisent ces doctorants et internes. Vous pouvez aussi vous orientez vers les lignes d’écoute qui peuvent être d’un grand soutien ponctuel ou bien des cliniques qui proposent des services à tarifs ajustables. Dépendamment du degré de souffrance, vous pouvez joindre le 811. Ils pourront vous orienter ou vous indiquer si vous devez vous présenter à l’urgence ou non.

 

 

Ressources:

https://www.legisquebec.gouv.qc.ca/fr/document/lc/C-26/20200924#se:187_1 

https://www.ordrepsy.qc.ca/resume-des-4-exigences 

https://telaidemontreal.org/ 514-935-1101 

https://www.lignedecoute.ca/ 

https://suicideactionmontreal.org/  1 866 277-3553

https://humainavanttout.com/ressources  : en plus de témoignages, ce site recense les lignes d’écoute et les cliniques qui proposent des tarifs ajustables.

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